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XVIème siècle

 

Le sel alimentaire est taxé depuis le XIIIe Siècle par l'un des impôts les plus impopulaires de l'Histoire de France, la gabelle : le sel est en effet une valeur au même titre que l'or et l'argent parce que de première nécessité pour la conservation du poisson, de la viande, du beurre et du fromage. Les rois de France depuis Louis IX au XIIIe Siècle jusqu'à Henri II au XVIe Siècle, ont toujours accordé aux villages d'Ault et de Béthencourt-sur-mer, parce que tous deux sont situés aux extrémités du Royaume faisant frontière avec l'ancien ennemi anglais, parce que tous deux ne vivent encore que de pêche et d'élevage (ils dépendent du grenier à sel de Mers), un "droit de franc-saler", c'est-à-dire une franchise de gabelle. Si la gabelle a des effets pervers (pauvreté,famine, jacqueries), son exemption en a aussi: exodes ruraux vers les villages ayant droit de franc-saler, enlèvements excessifs au grenier à sel, surstockages clandestins et pénuries, reventes illicites, contrebande (les "faux-saulniers") et spéculation. Des irrégularités de marché (elles sont passibles des galères18) sont, en 1549, ainsi constatées à Béthencourt et remontées du grenier à sel de Mers jusqu'à celui d'Amiens, puis jusqu'au général chargé des finances du Royaume. Les litiges liés au sel et au grenier à sel relèvent au XVIe Siècle de "cas royaux", c'est-à-dire directement de la seule souveraineté royale. La question est hautement sensible, voire périlleuse: la gabelle a provoqué entre 1548 et août 1549 en Angoumois et Saintonge des émeutes et révoltes embrasant finalement toute l'Aquitaine avec une violence telle que Henri II préféra la répression à la magnanimité19. Les habitants d'Ault et de Béthencourt-sur-Mer ne voient pas d'autre recours que de se faire humbles et d'adresser ensemble une supplique au Roi Henri II pour le maintien du franc-saler. Le Roi Henri II leur répond dans son arrêt du 3 octobre 1549, leur confirmant la franchise en "considération de leur grande fidélité et obéissance", mais ajoutant de sérieuses mises-en-garde contre toute pratique irrégulière de revente, interdisant le moindre stockage et donnant des pouvoirs de contrôle illimités sur ce point à ses justiciers et officiers, les "gabelous" qui prendront le surnom de "chevaucheurs de sel". On va voir ceux-ci augmenter fortement en effectifs, payés par le fermier du grenier à sel qui va se rembourser en augmentant le prix de la denrée. À compter de 1549, le sel excédentaire non utilisé à Béthencourt sera ainsi à retourner au grenier à sel de Mers20 et les gabelous vont sillonner les villages de jour comme de nuit pour s'en assurer, pénétrant dans les maisons pour perquisitions impromptues, fouillant, calculant de façon tracassière la cohérence des achats en sel en fonction de la consommation familiale de poisson, arrêtant les suspects. Ce joug policier va s'inscrire dans la logue durée: 240 années plus tard, en 1789 (voir ci-dessous), la gabelle figurera toujours à Béthencourt en tête des sujets de plainte.

 

 

 

Quelques dates au XVIe Siècle...

 

 

  • 1500 : la seigneurie de Béthencourt, "mouvante de" (tenue de) la châtellenie de Saint-Valery, consiste en "un château bien bâti (à ne pas confondre avec le fort qui était situé côté nord derrière la "mare des canaux", il était situé entre les n°2 et 10 de l'actuelle rue de l'église) avec cour, maison de ferme, chapelle, herbages et jardins, le tout contenant neuf journaux, quatre journaux de bois et deux cents journaux de terres labourables mouvant du Roi à cause de son bailliage d'Amiens". Le Seigneur de Béthencourt, qui est "fondateur et bienfaiteur de l'église et nomme à la cure" est pour 35 années l'Abbevillois Lancelot de Bacouel, époux de Jeanne de Blondel dont il a deux enfants, Philippe et Marie (laquelle épousera en 1519 Louis Roussel, Seigneur de Miannay). Maïeur d'Abbeville en 1524, 1528 et 1533, Lancelot est cité parmi les bienfaiteurs de l'église Saint-Wulfran par le médiéviste René de Belleval qui indique dans son "Nobiliaire de Ponthieu et de Vimeu" que les armes du Seigneur de Béthencourt en ornent une fenêtre: "d'or à trois ancolies d'azur". Lancelot mourut échevin d'Abbeville en 1535.

 

  • 1562 : Louis IV de Nevers (1539-1595) épouse le 4 mars Henriette de Clèves (1542-1601). Fils de Marguerite Paléologue (marraine du roi Henri III22), connu aussi sous le nom de Ludovic de Gonzague, il reçoit de la Maison de Clèves, par ce mariage, le titre de seigneur de Béthencourt, de Cayeux, de Saint-Valery-sur-Somme et de Bouillancourt-en-Séry. Dans un monde seigneurial constitué d'indisciplinés, on met en exergue sa grande catholicité (l'examen de conscience qu'il composa pour lui-même fut édité en livre de piété) et l'on vante à la cour comme "fait exceptionnel sa rigueur (il vendit une part de ses forêts pour assainir un endettement des Clèves de 600.000 livres qu'Henriette lui apporta aussi en guise de dot) qui le fait payer exactement ses serviteurs, mais ne tolérant aucun désordre", traits de caractère se reflétant assez justement dans le testament qu'il laissera pour Béthencourt (voir XVIIIe Siècle ci-dessous).

 

  • 1585-1598 : huitième guerre de religion. On se bat à Béthencourt où, au cœur d'une région stratégique de par son ouverture littorale vers l'Angleterre, on est avec Louis IV de Nevers nettement du côté du Roi 24 bien que le Seigneur de Béthencourt fût le beau-frère de Henri Ier de Guise assassiné à Blois en 1588 et qu'il eût un temps de mauvaises relations avec Henri IIIdont il critiqua en public la diplomatie et l'entourage de mignons ("Le roi porte de nouveau des pendants d'oreille", savait-il s'esclaffer avec autant de liberté que de déplaisir): la Ligue catholique lui apparaissait malgré cela comme une "transgression redoutable des autorités et des hiérarchies qui fondaient son propre pouvoir comme celui du roi".

 

  • 1587 : en avril, Henri III confie à Louis IV de Nevers le gouvernement de la province de Picardie. Le seigneur de Béthencourt se fait de la sorte un grand ennemi en la personne de Charles Ier d'Aumale (1555-1631) qui convoitait ce poste et qui, ainsi humilié, va prendre possession pour la Ligue catholique du Crotoy, de Pont-Rémy et de Doullens.

 

  • 1589 : année donnée par l'abbé Rançon comme celle où, menée par Charles Ier d'Aumale, la Ligue catholique (stimulée par la mort de Henri III et renforcée dans le Vimeu par le ralliement d'Abbeville le 25 juin 1588) s'empare des seigneuries de Louis IV de Nevers et rase le fort de Béthencourt-sur-Mer.

 

 

XVIIème siècle

 

  • Un trafic incessant est inhérent aux ports de Saint-Valery-sur-Somme et d'Ault qui, explique Jean Edouard Riche, sont depuis Guillaume le Conquérant en 1066 préférés à l'embouchure de la Seine réputée bien plus dangereuse chez les commandants anglais, suédois, hollandais ou hambourgeois. De grands marins d'origine locale ont participé de cette expansion d'activité, depuis l'Amiral de France Hugues Quiéret au xive siècle (originaire de Tours-en-Vimeu) jusqu'à Nicolas Fache au XVIIe Siècle (originaire de Méneslies). L'artisanat du tissage, mais aussi celui du cordage, que soutiennent tant la construction navale que les relations commerciales avec l'Espagne, l'Angleterre et la Hollande, occupent donc déjà au xviie siècle à Béthencourt-sur-Mer un nombre important de cordiers et de tisserands. Si l'abbé Rançon cite les noms du cordier Claude Delenclos et des tisserands Mathieu Leclercq, Joachim Delenclos, Louis Haudiquer, Jacques Doinel, Jean Dehédin et Étienne Andrieu, il n'en recense pas moins des métiers dérivés avec un mercier, Pierre Lavacquerie, et deux tailleurs, François et Gilles Hurtel.

 

  • Soucieux de pérenniser un ordre moral chez les jeunes filles mariables de Béthencourt, Louis IV de Nevers et son épouse Henriette ont laissé dans leur testament ouvert après 1601 une disposition visant à y exalter durablement la vertu : un revenu à perpétuité est ainsi légué à la paroisse Saint-Étienne pour, selon une procédure que le testament codifie avec précision, "aider le mariage des pauvres filles" en les dotant de 50 livres. Le document définit la "pauvre fille" : elle se doit d'être "née à Béthencourt-sur-Mer, d'avoir au moins 16 ans, d'être de biens (c'est-à-dire de bonne conduite et honnête), catholique et nécessiteuse". Sa désignation se fait chaque année par vote au sein de la paroisse "le dimanche de Pâques fleuries", d'où le titre resté à l'élue: la Rosière. Colette Leclercq en 1650, Colette Simon en 1651 et Michelle Delenclos en 1654 furent par exemple estimées suffisamment vertueuses dans Béthencourt pour y être plébiscitées Rosières et, solennellement accueillies à cet effet aux portes de l'église "le mardi de Pâques fleuries" par l'abbé Ambroise Sonnet, recevoir la dot provisionnée pour elles un demi-siècle plus tôt. C'est Antoinette Bourgeois qui fut la moins honnête : on apprit, après l'avoir élue Rosière en 1653, qu'elle était déjà mariée. Mièvres, paternalistes et antiféministes dans leur lecture d'aujourd'hui, ces dispositions testamentaires relèvent pourtant, resituées dans le cadre de la huitième guerre de religion où elles furent pensées et consignées, d'une intention sincère de Louis et Henriette de contribuer à leur mesure, au-delà du souci de leur propre postérité et du salut de leurs âmes, à la quiétude des foyers du XVIIe Siècle en cette part sensible du Royaume où Abbeville fut ligueuse et Oisemont protestante. Parce que Henri IV n'était catholique que par conversion, le Seigneur de Béthencourt n'aimait pas plus ce Roi qu'il n'aima son prédécesseur ; il se rallia pourtant raisonnablement aux deux (il fut "le premier de leurs défenseurs de qualité", estime Gaston Dodu; il leur fut "un conseiller utile", ajoute Georges Bordonove, "d'une grande conscience et d'une parfaite rectitude" selon Pierre Chevallier) car la "vraie religion" qu'ils incarnaient était pour lui la seule voie possible vers l'unité tranquille dans un Royaume meurtri par treize années d'une guerre au cœur de laquelle Béthencourt-sur-Mer fut plongé. Le testament était, dans la conviction profonde de Louis et Henriette, leur soutien à un XVIIe Siècle qu'ils voulaient être, plus que celui d'une désuète charité posthume, plus que celui des vertueuses Rosières, celui du renouveau, du bonheur et de l'unité retrouvés.

 

  • D'autres ennemis viendront pourtant, de l'extérieur cette fois, contester cette perspective idéale. En 1658 ou 1659, un major du Régiment de Belle-Brune nommé Balthazar de Méalet de Fargues, ayant été acteur de la Fronde et agissant pour le compte du roi Philippe IV d'Espagne, fait déferler ses troupes sur le Vimeu et brûle Saint-Blimont. Le major sera condamné à mort et pendu à Abbeville, en 1663 selon Léon Gaudefroy, en 1665 ou 1666 selon Micheline Agache-Lecat et un ancien article du "Journal de Paris". La longue période qui suivit la mauvaise action espagnole fut, malgré le Traité des Pyrénées, celle de la grande peur dans tout le Vimeu: de là y resta (jusqu'au XXe Siècle, seul le nom de l'ennemi changeant) une expression coutumière qu'en fin de repas les Rosières de Béthencourt-sur-Mer durent prononcer elles aussi: "encore un dîner que les Espagnols n'auront pas".

 

 

Quelques dates au XVIIème siècle... 

 

 

  • Vers 1600 : Hector le Blond est Seigneur de Béthencourt. Il épouse en premières noces Isabeau Le Messier, puis, après le décès de celle-ci, il épousera Catherine Le Charpentier. Avocaten la sénéchaussée de Ponthieu vers 1580, il est échevin d'Abbeville en 1603 et 1604, maïeur d'Abbeville en 1609. Il est inhumé avec Catherine Le Charpentier en l'église Saint-Gilles d'Abbeville.

 

  • 1630 : Claude Ier Le Blond devient Seigneur de Béthencourt. Il est le fils aîné d'Hector Le Blond et d'Isabeau Le Messier. Conseiller du Roi, il fut lieutenant général au bailliage d'Abbeville (trésor général du royaume) dès 1609. Sa femme, née Marguerite Belle, fille du "bourgeois et marchand" d'Abbeville Simon Belle, lui donna huit enfants et c'est par son testament du 29 avril 1650 que Claude Ier lègue la seigneurie de Béthencourt au troisième d'entre eux, Claude II. Claude Ier Le Blond et Marguerite Belle sont inhumés en l'église Saint-Gilles d'Abbeville.

  • 1637-1651 : Guillaume des Landes (?-1667) est curé de Tully desservant Béthencourt. Il dut renoncer à son sacerdoce en 1651 parce que devenu paralytique. Il fut inhumé dans l'église de Tully le 6 août 1667.

  • 1651-1672 : Ambroise Sonnet est curé de Tully desservant Béthencourt

  • 1653 : François Ier Faure (1612-1687) est nommé évêque d'Amiens et entre immédiatement en conflit avec Jean Bentivoglio, père abbé des bénédictins de Saint-Valery de 1628 à 1694, qui refuse de reconnaître sa juridiction spirituelle (Voir ci-dessus année 1114). Le conflit ne se conclura que le 5 février 1664 avec un arrêt du Parlement en faveur de l'évêque, à qui ira donc la compétence de juridiction spirituelle sur Tully et sa succursale, Béthencourt-sur-Mer.

 

  • 1660 : Claude II Le Blond devient Seigneur de Béthencourt. Il avait épousé le 15 juillet 1640 Marguerite Maucquois, fille du Seigneur d'Heudelimont Charles Maucquois, dont il eut quatre enfants.

 

  • 1672 : François Le Boucher (1622-1686) qui fut clerc de Béthencourt puis vicaire de Saint-Valery-sur-Somme devient curé de Tully desservant Béthencourt-sur-Mer. À sa mort le 12 juillet 1686, il est inhumé dans le chœur de l'église de Tully.

 

  • 1686 : Suite à un procès opposant Claude II Le Blond au père abbé Jean Bentivoglio, Béthencourt, dont l'église était jusque là "secours" (ou, comme dit encore, "succursale" c'est-à-dire annexe) de celle de Tully, est érigé en paroisse, et apparaît ainsi dans le pouillé (registre ecclésiastique) de 1686. Adrien de Saint-Germain (1656-1710) est installé curé de Béthencourt. Il le restera 24 ans, jusqu'à sa mort le 18 juillet 1710 où il sera inhumé dans le chœur de l'église de Béthencourt.

 

  • 1690: Claude III Le Blond devient Seigneur de Béthencourt. Troisième des quatre enfants de Claude II, il est officier d'infanterie et a épousé Elisabeth de Nacart. De ce mariage sont nés deux enfants, Elisabeth Charlotte et Claude IV qui est mort sans postérité en 1680.

 

  • 1693-1694: une épidémie de typhus fait 60 morts à Béthencourt-sur-Mer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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