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XVIIIème siècle

 

 

 

  • Si les artisans sont nombreux à Béthencourt-sur-Mer au tout début du XVIIIe Siècle, tous appartiennent encore à l'agriculture (les laboureurs Paul Petit, Pierre Grandsire, Mathieu Delattre, Étienne Fournier) et au tissage (Étienne Lartisien, Pierre Dumont, Charles Leclerc, Étienne Haudiquer, Étienne Delenclos, Nicolas Bouté, François Delabie, Jacques Sifflet). Béthencourt-sur-Mer a alors ses puits qui sont normés à 75 mètres de profondeur, son jeu de paume (il a disparu tout en laissant dans notre parler actuel des expressions quotidiennes), son moulin (la naissance de la carte postale arrivera à temps pour en faire mémoire, le montrant "sur pioche" à l'instar de celui de Saint-Maxent), le meunier étant Pierre Coulliet (1703), puis François Lottin (1709), ainsi que ses "petits métiers": le charron, le garçon cloutier, le galochier, le cordonnier et le couvreur de chaume. En 1708, Béthencourt a son chirurgien qui est Jacques de Saint-Germain. Plus qu'un métier, la qualité de sage-femme, confiée généralement à une veuve (comme Jeanne Adam jusqu'en 1717 et Marie-Françoise Duputel entre 1736 et 1746, "le veuvage étant l'état idéal de celles qui, ayant accompli leur devoir envers leur famille en assurant leur descendance, se trouvent dans une situation spirituelle meilleure qu'auparavant35"), s'apparente à un sacerdoce où l'entrée en fonction s'accompagne, en prévention des "mauvaises œuvres" ("Malleus Maleficarum"), d'un serment au rituel précis que l'abbé Jacques Halingre consigne dans le registre paroissial: "le 9 novembre 1746 s'est présentée à nous Marguerite Fricourt, âgée d'environ 50 ans, veuve de feu Jean Caron, pour être reçue en qualité de sage-femme de ce lieu et après l'avoir interrogée et lui avoir fait faire sa profession de foi et s'être obligé de s'acquitter de cette profession avec le plus de soin et de précaution qu'il lui sera possible, nous avons reçu la dite Fricourt en cette qualité après qu'elle eut prêté serment sur le Saint Evangile".

 

  • Le premier serrurier identifié à Béthencourt-sur-Mer s'appelle Martin Haudiquer, exerçant cette profession en 1709. Selon Jean Edouard Riche dans son livre "Une région en France, le Vimeu indutriel", "les années passant, la serrurerie prend de plus en plus de place, passionne, cet art nouveau s'anoblissant même avec Louis XVI, et dès 1780 l'on dénombrera 48 ateliersqui, à Béthencourt-sur-Mer, fabriquent des cassettes, boutons, crampons, coffres et boucles dites à cuisses de grenouilles". L'abbé Alfred Rançon en cite quelques noms: Vincent Le Conte en 1717, Michel Flament en 1733, puis après 1736: Saint Germain, Parodé, Desgardin, Bost, Leclerc, Tellier, Varlet, Delenclos, Petit, Lecat, Derambure, Hurtel, Maquennehen, Caillet et Maubert.

 

  • Cet état des lieux n'est cependant florissant qu'en surface, deux documents restituant à l'encontre un Béthencourt ("une sombre agglomération de pauvres masures en chaume, offrant de loin l'aspect d'un bois touffu" évoquera Michel Alfred Bignard36) où la vie traîne son cortège de noirceurs et de fléaux; ce sont la lettre fort plaintive écrite le 5 avril 1788 par François-Edme Lemot (curé de Béthencourt-sur-Mer de 1780 à 1791) au Bureau intermédiaire du département de Neufchatel et Eu d'une part, le cahier de doléances de 1789 d'autre part. Au soir d'un XVIIIe Siècle dont les grands repères sont les mauvaises récoltes et les épidémies, le cimetière du village, que l'on commence à souhaiter déplacer, saturé qu'il est de trop de défunts qu'il faut maintenant exhumer pour y enterrer les siens, est toujours situé devant l'église, plaçant le monde des morts au centre du monde du vivant, comme pour lui rappeler sans cesse qu'il n'est jamais, selon le mot postérieur de Martin Heidegger, que cet "être-vers-la-mort" dont l'espérance de vie est encore inférieure à 35 ans. Dans les deux documents, Béthencourt décline ses maux et désigne ses coupables: ce sont d'abord les "gabelous" qui n'ont cessé d'accroître leur zèle depuis que l'arrêt de Henri II, sous couvert de maintenir le droit de franc-saler, n'a fait qu'en restreindre la libéralité. De sorte de freiner l'exode rural, la franchise de gabelle n'est maintenant plus octroyée aux nouveaux habitants, ce qui crée un climat délétère de discriminations où se constituent les clans, cela surtout sur un fond de misère et d'intransigeance: les gabelous vont ainsi jusqu'à mettre en prison des habitants de Béthencourt surpris à Ault puisant de l'eau de mer pour saler leur soupe. Mais il n'y a pas que la gabelle: la dîme perçue à Béthencourt par les bénédictins de Saint-Valery (1.200 livres par année) est elle aussi insupportable. Aucun des devoirs en faveur de la paroisse de Béthencourt auxquels les religieux se sont en retour contractuellement engagés en 1730 n'est honoré par eux, rentiers indifférents qu'ils sont tant à l'entretien de l'église qu'au secours des humbles. Le dernier coupable est le seigneur de Béthencourt en personne, lequel n'y vient, au demeurant fort rarement puisque son droit de franc-fief semble l'exempter des devoirs essentiels, que pour s'enquérir du maintien de ses chers arbres. La passion de François Guilain pour l'arboriculture s'exerce dans les rues de village qui, peuplées d'enfants mendiants, sont aussi toutes bordées d'arbres démesurés défaisant la voirie, empêchant le passage des charrues, assombrissant toutes les maisons, les écrasant même parfois sans aucun dédommagement de l'indifférent et lointain seigneur: il serait temps, dit-on, que François Guilain soit lui-même enfin assujetti au troisième impôt, la taille, et que les deux soldats fournis chaque année par Béthencourt pour les travaux des grandes routes du royaume (au titre de la corvée royale) soient plutôt affectés au village pour l'entretien de ses propres rues. On le voit, l'accusé n'est donc pas le Roi: les 29 rédacteurs du cahier de doléances assurent même Louis XVI qu'ils l'aiment et ils lui souhaitent une longue vie. Mais ils lui demandent de s'impliquer urgemment dans leur village, de se préoccuper personnellement de leur condition, de leur sel, de leur église et de leurs rues. Louis XVI ne les lira pas: il remettra les cahiers de doléances aux députés chargés d'en faire la synthèse, mais qui s'emploieront très vite à une autre tâche que les habitants de Béthencourt n'imaginaient pas: la Révolution française.

 

 

Quelques dates au XVIIIème siècle...

 

 

  • 1704: le 18 mars, Elisabeth Charlotte Le Blond, dernière descendante de la branche des "Le Blond de Brineu, seigneurs de Béthencourt", épouse Claude d'Urre de Cleuleu, "chevalier,capitaine de milice en Picardie sur les côtes de la mer". Issu d'une ancienne famille du Dauphiné venue s'établir à Montreuil-sur-Mer, Claude d'Urre devient par ce mariage dont naîtront deux filles, Catherine et Marie-Françoise (vers 1707-1743), Seigneur de Béthencourt.

 

  • 1709: année de grand froid à Béthencourt-sur-Mer.

 

  • 1711: François de Polhay (1679-1757), issu d'une famille de Saint-Blimont dont la noblesse remonte au XVIe Siècle, devient curé de Béthencourt de janvier 1711 à 1730, date à laquelle il se retire à Offeu pour y mourir le 8 mai 1757 et être inhumé en la chapelle Sainte-Geneviève d'Elincourt, hameau voisin. Ce départ en 1730 est imputable à l'absolutiste de la vertu que futPierre Sabatier (1654-1733), ami de Fénelon et évêque d'Amiens de 1706 à 1733, qui repensa les règles du clergé dans son diocèse de sorte d'y gouverner les âmes : interdiction de chasser pour le prêtre, âge minimum de la servante porté à 45 ans, etc. Les interdits de Sabatier ne firent en réalité que favoriser dans les paroisses le phénomène social de la rumeur (dont l'historicité intéressa Michel Foucault37 et Edgar Morin) et encourager le zèle inquisitorial de son enquêteur dans le Vimeu qui fut Nicolas Filleux (?-1743), archidiacre de Ponthieu, chanoine de la cathédrale d'Amiens et docteur de la Sorbonne en théologie. Pierre Sabatier excommunia en 1730 Nicolas Yvart, curé de Tully, pour une raison oubliée aujourd'hui que François de Polhay manifestement désapprouva. Dans son rapport établi alors contre le curé de Béthencourt sur qui l'enquête se prolongea, Filleux note: "sa servante n'a point l'âge, on dit que...". Fin de citation: la suite se résume dans l'art de mêler la rumeur, le conditionnel et l'accusation.

 

  • Vers 1725: Charles de Lamiré (?-16 janvier 1753) épouse Marie-Françoise d'Urre dont il aura une fille unique, Claudine Antoinette (?-1788), et dont il reçoit par ce mariage la Seigneurie de Béthencourt.

 

  • 1730: Installation d'Alexandre Dupuy, curé de Béthencourt jusqu'en 1743.

 

  • 1740: disette causée par le grand froid qui règne toute l'année. On enregistre à Béthencourt des gelées chaque mois et la température moyenne de l'année n'y atteint même pas les 8°.

 

  • 1741: épidémie sans doute consécutive de la disette: 59 morts à Béthencourt.

 

  • 1743: Installation le 26 juillet de Jacques Halingre (Voir rubrique "Personnalités liées à la commune") curé de Béthencourt et tuteur-précepteur de Claudine Antoinette de Lamiré (Charles de Lamiré étant alors veuf).

 

  • 1750: l'épidémie désignée par les écrits du temps sous le nom de "flux de sang" (dysenterie) fait 40 morts à Béthencourt.

 

  • 1753: le 30 septembre, Jean-Baptiste Loisel le Gaucher (?-1788), "cornette au Régiment de Dragons d'Orléans, Capitaine des milices garde-côtes, maire perpétuel de la ville de Rue (où remonte l'origine de sa famille), épouse Claudine Antoinette de Lamiré dont il aura une fille, Marie-Anne, et dont il reçoit, par ce mariage, le titre de Seigneur de Béthencourt.

 

  • 1766: agrandissement de l'église où la pierre blanche toujours discernable aujourd'hui au chevet du chœur est remplacée par le silex et la brique. En août, Jacques Halingre demande au lieutenant-général au bailliage d'Amiens "de faire assigner à comparaître devant lui les Sieurs abbé et religieux de Saint-Valery pour voir dire qu'ils seront tenus de confirmer dans le jour que le chœur ne peut aucunement convenir avec la nef que les habitants sont tenus de bâtir". La réponse des bénédictins attendue "dans le jour", soit la promesse de restauration du chœur, n'arrivera qu'en1781 et, comme pour attester de cette lenteur, ils feront graver cette date dans la pierre (voir photo).

 

  • 1771: Le 18 novembre, le baron François Guilain, capitaine de cavalerie, épouse Marie-Anne Loisel le Gaucher, héritière de la famille de France dont il reçoit, par ce mariage, le titre de Seigneur de Béthencourt.

 

  • 1785: Incendie à Béthencourt-sur-Mer détruisant 14 ou 15 maisons.

 

  • 1785: ordonnance de l'évêque d'Amiens Louis de Machault d'Arnouville (1737-1820) enjoignant d'agrandir le cimetière de Béthencourt, saturé et inextensible, sur un terrain inutile à François Guilain (ce dernier ne donne aucune suite).

 

  • 1788: l'abbé François-Edme Lemot (installé à Béthencourt en 1780) écrit au Bureau intermédiaire du département de Neufchâtel et Eu pour se plaindre de la lourdeur de la dîme et du désintérêt des religieux de Saint-Valery-sur-Somme pour la paroisse de Béthencourt.

 

  • 1789: le "cahier des doléances et plaintes de la paroisse Saint-Étienne de Béthencourt-sur-Mer, élection d'Eu, généralité de Rouen, bailliage d'Amiens40" est rédigé par un collège de 29 habitants. Deux députés nommés Louis-Nicolas Depoilly (né et mort à Béthencourt-sur-Mer, 1761-1798, futur curé de La-Croix-au-Bailli) et Laurent Firmin Beauvisage (1757-1789) sont missionnés de se rendre à Amiens pour le remettre aux représentants du Tiers-État convoqués à la réunion des États-Généraux.

 

  • 1789: François Guilain, Seigneur de Béthencourt, se fait représenter pour vote par procuration à l'assemblée de la noblesse française élisant ses représentants aux États généraux. Il émigre en Angleterre avec sa femme et leurs trois enfants (il y mourra en 1791, sa famille reviendra en France en 1801).

 

  • 1790: le 15 décembre, le comité du règlement du conseil départemental propose de fusionner les trois municipalités de Béthencourt, Tully et Allenay. 1790: François-Edme Lemot fait cette année-là à Béthencourt 82 enterrements dont l'oralité du temps a transmis la cause sous le nom de "fièvre putride".

 

  • 1791: François-Edme Lemot prête serment à la Constitution civile du clergé, mais celle-ci est accompagnée d'un profond remaniement du diocèse d'Amiens: il devient en octobre curé constitutionnel d'Ailly-le-Haut-Clocher tandis que le premier vicaire d'Ault, Jean-Louis Duputel (lui aussi assermenté), devient curé de Béthencourt.

 

  • 1793: mise en place de l'état civil à Béthencourt. La rédaction des actes de naissances, mariages et décès est transférée le 3 mars du registre paroissial au conseil général de la commune de Béthencourt-sur-Mer où Modeste François Bignard a été élu le 2 février précédent à la fonction de dresser ces actes.

 

  • 1800: le 10 juin, soit le 21e jour de prairial an 8, "trois hectares, vingt ares et cinquante et un centiares de terrain sur lequel est assise une maison dite l'ancien château de Béthencourt-sur-Mer provenant de l'émigré de France" rentrent dans le domaine de la nation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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